Perchée dans un hameau de Sainte-Croix-en-Jarez, l’entreprise de la famille Bonnard, Siane, est unique en son genre en France : les deux frères, Romain et Matthieu, sont spécialistes du transport d’animaux sauvages. Avec leurs camions et remorques, ils transfèrent toutes sortes d’animaux de zoo en zoo.
Dans les remorques de Siane, on trouve toutes sortes d’animaux, petits ou très gros, comme cet hippopotame. Photo fournie par l’entreprise
« On fonctionne comme une société de transport de colis lambda, sauf que nos colis, ce sont des animaux. » Pris dans le train-train quotidien, Romain Bonnard en oublierait presque le caractère extraordinaire de son entreprise. Pourtant, Siane, qu’il dirige avec son épouse, Julie, et son frère, Matthieu, est l’unique spécialiste français du transport d’animaux sauvages.
Au départ, les frères Bonnard voyaient ça « comme une activité secondaire, en plus de nos métiers ». Aujourd’hui, leurs camions sillonnent les routes de France et d’Europe pour assurer le transfert d’animaux entre zoos et parcs animaliers.
Cinq personnes sont nécessaires pour faire tourner la PME familiale. « En général, Corentin et Matthieu sont sur les routes quatre jours par semaine. Tony, qui conduit également, s’occupe de la logistique des itinéraires. »
Quand on demande à Corentin s’ils partent seuls ou à deux, la réponse est sans appel : « Quatre jours avec la même personne dans un camion, il faut vraiment bien s’entendre », rigole-t-il.
Cette fois, c’est Matthieu qui s’apprête à prendre la route. Enfin, Romain aussi : « Mardi matin, je descends à Sanary-sur-Mer, puis je repasse ici pour récupérer une remorque et je passe le relais. » Direction le Calvados, puis les Yvelines, Mulhouse, l’Allemagne et les Pays-Bas. Le périple du cadet durera jusqu’au vendredi. À chaque étape, il « livrera » des animaux ou en récupérera.
Ce qu’il transportera ? « Des maras (lièvres de Patagonie, N.D.L.R.), un ocelot, un tapir aussi. Il faut que je prenne le van car on va récupérer un onyx. » Pour être sûr de ne rien oublier, il peut compter sur Tony, qui lui donnera les détails de l’itinéraire et des animaux à transporter. « Le plus important, c’est de ne pas oublier de caisse », s’amuse-t-il.
Pour le reste, assure-t-il, cela ne change pas vraiment de son ancien boulot de conducteur d’engins. « Bien sûr, il faut conduire plus souplement. Les animaux sont fragiles, surtout les antilopes et les zèbres, qu’on transporte en van et qui risquent de tomber. Je me suis peut-être habitué… »
Parfois, il y a tout de même des transports hors du commun. Comme celui de Vicks, un ours polaire de 525kg, que Siane a transféré de Mulhouse au Danemark. « C’était quand même quelque chose, cet ours, admet Romain. Tony, qui s’occupait du transfert, lui donnait à boire à la gourde ! »
Pour Siane, l’enjeu était de taille : « C’est la première fois qu’on transportait un ours polaire. Gagner la confiance des zoos, c’est le plus difficile, alors, il ne fallait pas se rater. » Pari réussi : « À l’automne, on va transporter un autre éléphant », annoncent-ils.
Pour transférer l’ours polaire Vicks, Siane a fait construire une caisse de trois tonnes par une entreprise de Lorette. Photo fournie par l’entreprise
La PME a la particularité de construire elle-même ses caisses de transport. Qu’elles soient en bois ou en métal, chacune est adaptée aux mensurations des animaux, qui ne doivent pas pouvoir trop bouger afin de ne pas se blesser. Photo Progrès /Clémence DUBOST